Depuis le début des années 2000, l’industrie publicitaire, composée d'agences, de médias, de marques et aujourd’hui de plateformes et d’adtech, nous vivons au rythme effréné d’une transformation permanente de nos métiers.
Finies les années dorées des « Mad Men » , où pendant plus de 30 années nous avons surfé sur une croissance folle sans être vraiment trop bousculé.
Depuis, l’internet, les NTIC, l’IA et autres joyeusetés, nous devons revoir régulièrement nos paradigmes.
Les nouvelles technologies ont métamorphosé nos vies personnelles et professionnelles, changé notre façon de travailler, d’acheter, de vendre, d’informer, d’apprendre, de créer et de communiquer.
Nous vivons une transformation profondes de notre société, de tous les métiers de notre industrie. Le monde change vite, très vite, trop vite.
Sans modifier le principal dessein de l’industrie publicitaire, les nouvelles technologies ont redistribué les cartes, les défis sont grands, les méthodes changent et les enjeux se sont déplacés.
Maintenant que je vous ai dit cela, que l’on a tous bien absorbé notre transformation, que nos entreprises ont réussi à s’adapter à tous ces grands changements, on fait quoi ?
Que faisons-nous pour faire face à tous les défis et tous les enjeux qui se dressent devant nous?
A la radicalité, au wokisme, au populisme, aux défis environnementaux, économiques et sociaux quelles réponses la « transformation » peut-elle apporter?
Selon moi, aucune.
Et j’irais même jusqu’à penser qu’elle pourrait être un accélérateur perturbant qui trouble notre vision, notre discernement, nos réflexions… tout cela va très vite, beaucoup trop vite pour nous simples humains .
N’oublions pas l’importance de notre rapport au temps, il a grandement changé ces dernières années.
Nous sommes passés d’une société ancrée dans la réalité à la virtualité, à l’instantanéité.
Une société où tout ce qui relie un individu à son environnement, bougent tout le temps.
Le temps de se poser sur un sujet, il faut passer au suivant.
Nous subissons ces transformations et c’est là, selon moi, que la mutation doit intervenir.
Je fais une distinction entre transformation et mutation.
Dans ce contexte, la transformation dont nous parlons, touche des entreprises, des secteurs d’activité, des ensembles d’individus qui imaginent, produisent et suivent, ou pas, toutes ces fluctuations.
La mutation, de la racine latine « mutare » : changer, n’est pas, selon moi, technologique ou matérielle. Elle est individuelle, profonde, elle contredit le passé et le présent.
Elle nous implique tous, personnellement. Elle réclame un changement dans la façon de penser et d’agir. Elle nous intime de sortir de nos zones de confort pour affronter ce monde nouveau, transformé, en pleine métamorphose.
Qui, mieux que nous, professionnels de la communication avertis, peut intégrer et construire une réflexion de fond, imaginer des stratégies et des actions sur tous ces sujets profonds ?
Ne serait-ce pas l’essence même de nos métiers que d’appréhender et de répondre à tous ces enjeux ? De faire-savoir, de partager, de transmettre, c’est la définition de communiquer.
De nombreux exemples nous montrent aussi qu’une personne qui s’implique, s’engage, personnellement peut entrainer des milliers d’autres, et plus encore, pour soutenir une cause, un projet, un changement.
Je cite souvent l’exemple d’Arthur Sadoun le Président de Publicis, avec son mouvement lancée l’an dernier : #WorkingWithCancer. Certes, c ‘est Arthur, mais il n’était pas obligé de le faire, son engagement est personnel.
Notre industrie a ce pouvoir considérable d'aider et d'influencer la société vers de nouvelles pratiques, de nouveaux usages, vers d’autres façon d’agir et de penser. Pour que cela progresse, il faut des hommes et des femmes qui osent, qui avancent, s’engagent et parfois transgressent aussi.
La mutation est ce chemin qui nous fera évoluer, ensemble, qui nous fera sortir de cet entre-soi où tout le monde se regarde, sans bouger, en attendant des changements.
Ils sont présents mais émergent lentement et le monde change très vite.
Nous devons être créatifs, collaboratifs et attentifs à toute cette diversité́ qui nous entoure. Nous devons donner du sens, transmettre et partager nos valeurs. Nous engager vraiment, personnellement. Le génie humain ne repose pas que sur des élémnets technologiques ou matériels, mais aussi sur sa capacité à se réinventer, à penser, s’adapter et s’unir pour affronter des bouleversements.
Solidairement, nous devons collaborer pour l’intérêt commun afin de créer du lien. Nous avons besoin de nous reconnecter, de décloisonner, de transmettre et d’agir.
Il faut donner du sens à nos actions, transmettre ces convictions. Il est temps de dépasser la transformation et d’opérer notre mutation.
Ma vision pour l’année 2024, que nous développerons dans le cadre de l’IAA en France et à l’international, c’est la mise en œuvre d’une industrie ouverte et plus collaborative, encore plus engagée.
Avec l’ensemble des secteurs qui la compose et des personnalités qui l’animent, nous évoluons vers une communication sensée.