Aymen Ouerghi
Managing Director at PUBLICIS IMPACT
Tunis, Tunisia

Aymen Ouerghi Publications

Covid-19… le jour d’après ! Communication et marques en quête de sens. (La Presse de Tunisie)

11 April 2020
Covid-19… le jour d’après ! Communication et marques en quête de sens.
Cette crise du Coronavirus est inédite, violente et angoissante. Elle vaut, sans doute, tous les superlatifs, au moment où nous nous considérions désormais, plus immunisés que jamais, de par l’avancée de la science, de la technologie et du génie humain. Aussi tragique soit-elle, cette crise n’annonce sans doute pas la fin de l’humanité, mais elle nous met devant nos responsabilités, nous rappelle notre fragilité et notre impuissance. Les plus puissants l’ont appris à leurs dépens ; ils n’avaient pris à sa mesure. L’humanité est divisée, les scientifiques divergent, les gouvernements n’ont pas les mêmes lectures ni les mêmes stratégies, les économistes ne sont pas du même avis… Les entreprises sont partagées entre celles qui en sont encore au stade de la « surprise » et des interrogations d’un côté, déstabilisées par ce qui se passe, et celles qui de l’autre côté, travaillent d’arrache-pied pour assurer la pérennité de leurs entreprises et surtout préparer la reprise et le redécollage, avec lucidité et sang-froid. Plus de temps nous passerons à nous alarmer et nous laisser surprendre encore et encore, plus nous aurons du mal, le jour d’après, à relancer notre économie et notre sociabilité. C’est avant tout une question de bon sens et surtout de responsabilité. Dans un sursaut de solidarité et de prise de conscience, qui n’a désormais plus de secrets pour les Tunisiens, nous nous mobilisons chacun selon ses moyens et nous rivalisons d’ingéniosité et de générosité, pour surmonter cette crise inédite. Avec le souci de rassurer et pour calmer certaines ardeurs, le gouvernement Tunisien a pris les devants avec des mesures, dit-on, inédites, pour être aux côtés des Tunisiens et du tissu économique du pays. Encore trop tôt pour en mesurer l’efficacité et l’efficience. Ce n’est pas assez. Y a-t-il une priorité sanitaire et médicale ? Oui sans aucun doute ! Il faut laisser les spécialistes, les vrais, faire et leur donner moyens et soutiens. Mais que faire pour le jour d’après ? Une chance historique s’offre à la Tunisie aujourd’hui, à quelques mois du dixième anniversaire de la révolution qui a tant émerveillé, pour être parmi les acteurs majeurs de l’après Covid-19. Une chance à saisir grâce à notre capital humain et à notre tissu économique. Cette opportunité est à saisir dès aujourd’hui et l’avenir est à bâtir dès maintenant, pour préparer la reprise car il y en aura une, bien heureusement. Comme après chaque tragédie, la reprise génère une demande et une activité économique tout aussi puissantes que le désastre qui les a précédés. Il suffit de s’y préparer et de savoir le communiquer et ça commence dès aujourd’hui ! Les marques, pas toutes, se font attendre par les Tunisiens. Pour ces derniers, les entreprises ont une mission à accomplir, des propositions à faire, et de la valeur ajoutée à apporter à un fidèle « consommateur », désormais confiné. Les marques se doivent de donner des repères, d’accompagner et de venir en aide, et ce n’est qu’un juste retour d’ascenseur vers un « consommateur » anxiogène, déboussolé, et en quête de sécurité. Non, vous ne serez pas taxés de « récupération » ni d’opportunisme, si ça vient du cœur. Et c’est là où le bât blesse. Ce silence assourdissant, en ces temps incertains, n’est-il pas interprétable comme un mauvais signe sur les véritables intentions. Se replier aujourd’hui et se contenter d’observer ? Attendre en espérant que l’orage passe ? Tout ceci pour confirmer aux Tunisiens qu’ils sont de «simples consommateurs», avant d’être des citoyens ? Prendre ses distances aujourd’hui, n’est-ce pas courir le risque d’être distancés pour toujours ? Le confinement et la distanciation sociale que nous vivons aujourd’hui, sont en train de changer nos habitudes et vont certainement laisser des traces profondes et durables après le Coronavirus, que ce soit dans nos relations avec les marques et les entreprises, nos relations avec les autres ou encore avec les média et les différents modes de consommation. Les entreprises, qui auront su communiquer et garder le contact, seront sans doute bien mieux armées pour relever le défi du jour d’après, contrairement à celles qui n’auront pas su anticiper. Elles connaitront, certes, des problèmes financiers, mais elles seront fortes du solide lien qu’elles auront su tisser avec les Tunisiens, en répondant à la quête de sens de leurs communautés et de leurs employés. Encore plus solides grâce au déploiement d’une véritable politique RSE, matérialisée par des actions citoyennes utiles, authentiques et généreuses. Encore plus solides de par leur « mission » parce qu’elles ont aujourd’hui l’occasion de prouver qu’elles en ont une, et des plus nobles qu’elles soient. Aymen Ouerghi. Directeur général de l’agence conseil en communication « Publicis Impact »